Islas de Los Estados

I have had one of the strangest navigation of my lifetime.

We left Caleta Horno on Tuesday, December 14 to do the 600 nautical miles crossing to the Island of the States, at the Southern tip of South America. The marine weather forecast showed no storms various wind conditions.

I never expected that we would be motoring so much in these waters, one of the most dangerous of the world.

Dangerous because they are swept by powerful storms every couple of days. This is particularly true in the Austral summer because St Helena high and the Antarctic high are both larger at this period of the year, leaving only a small gap for the Western winds to funnel through.

During the first part of the way to Puerto Deseado, we had to motor the whole night. I even thought of anchoring a few hours there in order to wait for a bit of wind. In front of Puerto Deseado, we were able to have a cellphone and data reception in order to download the latest weather report.

Philippe confirmed to me that I did not need to wait and could continue sailing, adding it would be “regatta conditions”.

I could see that 60 miles from us further to the South, a strong Southwesterly wind would be blowing.

As we started our crossing to the South, I understood what Philippe meant. The wind was from the East between 15 and 20 knots and was slowly turning to the North. Our course was South, but as we cannot sail straight downwind, we veered gradually to the East in order to set our sails perfectly. We only needed to decide as we do during regattas when would be the right moment to jibe in order to strategically position ourselves on the water. We jibed when the wind passed to the North at 9 pm on Wednesday, December 15th, and set a course to the Southwest.

However, the wind continued to gradually veer towards the West so we also had to turn accordingly more to the South. The wind was variable in strength, sometimes 12 knots other times going up to 20 knots., by adjusting the sails we clocked some good speed going regularly at more than 9 knots and occasionally even 10 knots.

At 4 am on Thursday, the wind diminished to 10 knots, however because of a very heavy sea due to the wind that blew over the area a few hours earlier, we had to put the motor on as the wind was not enough to power us through the waves that came towards us.

In the early afternoon, the wind turned East again and we could switch the motor off to enjoy some nice sailing.

By early evening it died again and it was motor again. At midnight the wind was again strong enough but it lasted only until 5 am and we basically motored all of Friday.

The sky even cleared and bright sunshine was shining on us, again highly unusual in these waters where the color of the sky is always grey. It is quite incredible to cross the ‘roaring forties’ in such a way!

To add to our frustration, there is a strong storm forecast for Saturday night, Philippe us to be in Ushuaia by Saturday night as winds will blow in gale force for the rest of the week. We will thus not be able to stay a couple of days to visit the wonderful island as I was hoping for.

We will arrive at the Island of the States near the Lemaire straight on Saturday at 3 am.

However, because of a strong tide current in the Lemaire straight between the South American tip and the island, we have to start our crossing at high tide to benefit from a favorable current. High tide will be at 7 am, so we will wait a few hours on the island and visit quickly between 5 am and 7 am the two splendid bays of Parry and Hoppner (at these latitudes daylight starts at 4 am). As our crewmember, Tano said, “we will have one lick of the ice cream, but not eat it”!

Indeed!

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J’ai vécu l’une des navigations les plus étranges de ma vie.

Nous avons quitté Caleta Horno le mardi 14 décembre pour faire la traversée de 600 miles nautiques jusqu’à l’Île des États, à l’extrémité sud de l’Amérique du Sud. Les prévisions météorologiques maritimes n’indiquaient aucune tempête ni aucun vent.

Je ne m’attendais pas à ce que nous naviguions autant dans ces eaux, l’une des plus dangereuses du monde.

Dangereuses car elles sont balayées par de puissantes tempêtes tous les deux jours. C’est particulièrement vrai pendant l’été austral, car l’anticyclone de Sainte-Hélène et l’anticyclone de l’Antarctique sont tous deux plus importants à cette période de l’année, ne laissant qu’un petit espace pour que les vents d’ouest puissent s’engouffrer.

Pendant la première partie du trajet vers Puerto Deseado, nous avons dû faire du moteur toute la nuit. J’ai même pensé à y jeter l’ancre quelques heures afin d’attendre que le vent revienne. Devant Puerto Deseado, nous avons pu avoir une réception gsm afin de télécharger le dernier bulletin météo.

Philippe m’a confirmé que je n’avais pas besoin d’attendre, il y aura du vent et je pouvais continuer à naviguer, ajoutant que ce serait “des conditions régates”.

Je constatait qu’à 60 miles de nous, plus au sud, un fort vent du sud-ouest soufflait.

Lorsque nous avons commencé notre traversée vers le Sud, j’ai compris ce que Philippe voulait dire. Le vent soufflait de l’Est entre 15 et 20 nœuds et tournait lentement vers le Nord. Notre cap était Sud, mais comme nous ne pouvons pas naviguer droit vent arrière, nous avons viré progressivement à l’Est afin que les voiles soient parfaitement réglées. Il ne nous restait plus qu’à décider, comme nous le faisons en régate, du meilleur moment pour empanner afin de nous positionner stratégiquement sur le plan d’eau. Nous avons empanné lorsque le vent est passé au nord à 21 heures le mercredi 15 décembre et avons mis le cap au sud-ouest.

Cependant, le vent continuait à tourner progressivement vers l’ouest, ce qui nous a obligés à modifier notre cap davantage vers le sud. La force du vent était variable, parfois 12 nœuds, parfois jusqu’à 20 nœuds, mais en ajustant les voiles, nous avons pu atteindre des bonnes vitesses, régulièrement à plus de 9 nœuds et parfois même à 10 nœuds.

A 4 heures du matin le jeudi, le vent a diminué à 10 nœuds, mais à cause d’une mer très forte due au vent qui a soufflé sur la mer quelques heures plus tôt, nous avons dû mettre le moteur car le vent n’était pas suffisant pour nous faire traverser les vagues qui venaient vers nous.

En début d’après-midi, le vent a tourné à nouveau à l’est et nous avons pu couper le moteur pour profiter d’une belle navigation.

En début de soirée, le vent s’est de nouveau calmé et nous avons dû remettre le moteur en marche. À minuit, le vent était enfin à nouveau assez fort, mais cela n’a duré que jusqu’à 5 heures du matin et nous avons pratiquement navigué au moteur toute  la journée de vendredi.

Le ciel s’est même dégagé et un soleil radieux nous a éclairés, ce qui est très inhabituel dans ces eaux où la couleur du ciel est toujours grise. . Incroyable d’avoir traversé les 40è rugissants de cette façon.

Pour ajouter à notre frustration, une forte tempête est prévue pour samedi soir. Philippe nous a dit d’être à Ushuaia samedi soir car les vents souffleront en coup de vent pendant toute la semaine. Nous ne pourrons donc pas rester quelques jours pour visiter la splendide île comme je l’espérais.

Nous arriverons à l’île des États à côté du détroit de Lemaire samedi à 3 heures du matin.

Cependant, en raison d’un fort courant de marée dans le détroit de Lemaire entre la pointe de l’Amérique du Sud et l’île, nous devons commencer notre traversée à marée haute pour bénéficier d’un courant favorable. La marée haute sera à 7h, nous attendrons donc quelques heures dans l’île et visiterons rapidement entre 5h et 7h les deux magnifiques baies de Parry et Hoppner (à ces latitudes le jour commence à 4h) comme l’a dit notre équipier Tano “nous allons pouvoir lécher la glace une fois, mais pas la manger.”

En effet!